Un mur d'images illumine le divin Dante

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Un mur d'images illumine le divin Dante

Irène Languin


À Halle Nord, le peintre genevois Philippe Fretz offre une interprétation saisissante et monumentale du chef d'oeuvre du poète italien.

Publié: 21.11.2019, 18h58

 

Philippe Fretz

Le dessein était assez déraisonnable, sa réalisation s’avère plus extravagante encore. Durant cinq ans, Philippe Fretz a mis tout son art au service d’un chef d’œuvre de la littérature occidentale: la «Divine Comédie», de Dante Alighieri. Le peintre genevois a décliné ce texte-fleuve du début du XIVe siècle en 33 huiles. Illustrant le voyage du poète à travers l’Enfer (à gauche), le Purgatoire (à droite) et le Paradis (au centre), cette majestueuse «Divine chromatie» est exposée à Halle Nord.

Celui qui s’est déjà attaqué à «Finnegans Wake», le monument de James Joyce, aime explorer au pinceau les questions existentielles posées par les grands livres – dont la Bible. «Je me suis vite senti proche du récit de Dante. Notamment de son obsession de la classification.» Ce mur d’images de 11 mètres sur 3,6 réunit les trois cantiques de la «Divine Comédie» en un seul paysage, à la fois unique peinture et collection d’histoires au cœur desquelles le spectateur chemine.

Le choix de la linéarité

Contrairement à la tradition qui représente le texte par une topographie circulaire ou pyramidale, Philippe Fretz fait le choix de la linéarité. Il a attribué à chacun des règnes supraterrestres un carré de neuf panneaux figurant une architecture en zigzags, marquée visuellement par des escaliers; ces ensembles sont reliés entre eux par deux blocs de transition verticaux composés de trois toiles. Une série d’arbres disposés à la lisière de certains tableaux définit le contour d’un losange dont le centre est aussi le pivot de la fresque.

Cette structure élaborée, opportunément détaillée dans un bel ouvrage, regorge de scènes empruntées au texte ou parfaitement actuelles et genevoises. Ainsi, Lucie de Syracuse apparaît au volant d’un bus TPG et les orgueilleux font pénitence en ployant sous le poids d’iPhone géants. «Le parcours vécu par Dante est de l’ordre de la roue du temps, avance l’artiste. Je suis persuadé qu’il parle d’une permanence de la psyché.» En superposant à la dimension symbolique de la progression du poète des éléments de sa propre existence, le créateur de cette «Divine chromatie» libère l’imaginaire de l’observateur, lequel peut à son tour trouver ses échos intimes dans ce somptueux geste pictural.

«Divine chromatie» Jusqu’au 7 décembre à Halle Nord, 1, place de l’Île. halle-nord.ch