Les dialogues de Philippe Fretz

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lelitteraire.com, le 26 janvier 2015
Philippe Fretz, In medias res #5, Seuils et terrasses II, accompagné d'un texte d'Alexandre Chollier, art&fiction, Lausanne, 2014

A la ferveur du net répond ici la ferveur inimitable du papier sur lequel Philippe Fretz, faceau jeu du hasard des octets, organise des scènes - ou leurs fragments - pour arriver à l'autre en dehors des terrasses aléatoires de réseaux sociaux. L'art reste donc le contre-discours par excellence face à un univers d'irréalité et de destruction du réel.
A la fois par ses recollection d'images empruntées à l'histoire de l'art et de la photographie et par sa création plastique, l'artiste suisse crée des ascensions sur les terrasses, des chevauchées à travers des seuils. L'espace devient un laps parfois "espérable" mais parfois battu sans bataille. Même si tout dans l'ensemble reste une question d'énigme.

Certes, le bleu velours comble l'image dense et aérée. Mais il est moins celui du ciel que celui d'anxiété diffuse sur la terre d'un remblai, en un chemin d'attente où une silhouette de Parque moderne se déplace accompagnée d'imperceptibles souffles du vent.
Fretz poursuit ainsi son "studiolo" où l'image est le mode de pensée: la contiguïté des œuvres y favorise un banquet iconographique. Toute une rumeur de rencontres visuelles et intellectuelles tremble de pièce en pièce. Preuve que ce n'est pas, contrairement à ce que pensait Grégoire de Nysse, "uniquement sur le mur" que la peinture parle. Le papier favorise des dialogues inédits.

Jean-Paul Gavard-Perret