La société du spectacle selon Philippe Fretz

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24 Heures, le blog "de l'art helvétique contemporain", lundi 29 janvier 2015
Philippe Fretz, In medias res #6, Bateleurs, accompagné d'un texte de Christian Girard, art&fiction, Lausanne, 2015

 

Chaque époque possède ses bateleurs. Philippe Fretz le « Warburgien » crée avec eux un nouveau chapitre de ses « planches » selon une hagiographie particulière où le passé œuvre le présent et où celui-ci en dépit de son inondation iconographique se voit remisé à une portion congrue. Le tout selon un style ou plutôt le langage que Philippe Fretz invente le long de ses enquêtes filées. Avec In medias res #6, il abandonne le paysage pour ceux qui l’habitent en arpentant routes ou chemins de fortune.

L’humour et la feinte naïveté n’y sont jamais oubliés. Le lien entre les deux crée une fragrance particulière où la divagation devient le prétexte à un resserrement. Aux gestes de bateleurs d’hier ceux d’aujourd’hui s’ajustent non sans anachronismes ou décrochements visuels volontaires. De tels accrocs créent moins des chiasmes qu’une synthèse inédite. Les bateleurs semblent parfois emboîter les pas de chanoines égarés sur le chemin d’on ne sait quel cours d’abbesses. Mais tout reste en suspens.

Il y a plus des attentes que des gestes accomplis: lorsqu’ils le sont cela ressemble plutôt à un mime entre golfe clair et golf aux trous abîmés. Une nouvelle fois dans cette entreprise si originale le temps vacille, l’imagerie se complète de textes toujours subtils. Ils habillent les créations et les documents d’ailes et de rémiges. Fretz caresse ainsi autant le vénéneux que le velours mais avec distance dans une œuvre de discrétion où les images deviennent les fleurs safranées et énigmatiques des cendres du temps.

Jean-Paul Gavard-Perret