La forme du peintre

DOMAINE PUBLIC, N° 1538, 22 NOVEMBRE 2002
Arts plastiques, La forme du peintre

La bourse 2002 de la Fondation Alice Bailly - créée en 1946 pour soutenir des jeunes artistes Suisses et Romands - a été attribuée au peintre et graveur Philippe Fretz. Né en 1969, diplômé de l’Ecole supérieure d’arts visuels de Genève en 1992, il a exposé en Suisse, ainsi qu’en France et aux Etats-Unis. Son œuvre a déjà été distinguée à plusieurs reprises: notamment par la bourse Kiefer- Hablitzel. Alice Bailly (1872-1938) proche des avant-gardes du début du XX e siècle (cubisme, mouvement Dada), qu’elle a contribuées à faire connaître en Suisse romande, est une figure emblématique de l’époque. Entre Paris et Lausanne, elle a représenté à la fois les tourments de l’émancipation féminine naissante et le dilemme entre rupture et fidélité à l’égard de la tradition.

Les joies du peintre L’artiste fait face à deux interlocuteurs: la matière et ses paire, passés et présents. Philippe Fretz assume volontiers cette posture: car il aspire au bien, c’est-à-dire à la forme. Ni plus ni moins. La matière est à la fois un moyen et un obstacle; elle conduit le geste, elle restreint la liberté du peintre, mais elle est aussi son porte-parole. La matière est la condition, et la contrainte, de son expression. L’histoire de l’art, à son tour, balise le milieu de son action. Elle représente l’horizon de son entreprise: il peut ainsi puiser désir et motifs, sujets et récits, échecs et réussites qui nourriront son travail. Les projets présentés dans le cadre de la bourse mettent en scène une archéologie de la peinture. Ils en explorent les savoirs. Texte et image sont au centre de la réflexion ainsi que leur capacité de raconter de façon exemplaire.

Marco Danesi