Echanges, va-et vient, inversions

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24Heures, 18 novembre 2017
Philippe Fretz, « Double-porte II », In medias res n° 9, art&fiction, Lausanne, novembre 2017

Philippe Fretz poursuit sa double quête à la fois warburguienne et créatrice. La thématique (ici de la double-porte) passe par plusieurs entrées et par plusieurs étage de l’histoire de l’art comme de l’histoire tout court avec en point de départ deux œuvres de Duchamp reprise selon des mises en scène. La peinture tient lieu de remède en divers jeux d’associations et de reprises - de Memling jusqu’au grille-pain. Qu’il s’agisse d’appréhender appréhender ou d’appréhender d’appréhender les deux acceptions deviennent génératrices l’une de l’autre. Elles entretiennent des liens de connivences propres à une thématique d où les éléments finissent moins par se confondre ou se faire face que de s’harmoniser.

Fretz Bon 2.jpgDe rhétoriqueurs anciens de l’art jusqu’à Philippe Fretz, des pouvoirs occultes de la peinture sont ouverts par delà un memento mori. Même lorsque les scènes semblent désertées de présences « active », elles occupent en leur paysage tout l’espace. En un tel monde et une telle quête, les notions sont là pour élire un sujet/objet selon une sorte de classification plurielle. Au caractère volontairement neutre ou plutôt naïf ou giottesque des rectangles allongés ou droits la peinture de l’artiste se mixent en une suite de petits carrés des référencements. L’ensemble devient une table multicolore non sans gaîté et savoir en une traversée du temps. L’œuvre la plus récente (celle de Fretz) en feignant une « copie » rameute du passé. Elle le revisite et l’empiète.

Aux œuvres innombrables convoquées et qui inspirent l’étendue de celles de Fretz, celui-ci prouve la capacité d’un sens que seul ce Lucifer moderne permet de fortifier. D’où finalement et en répons aux « Etant donnés » de Duchamp la présence de sortes de jardins d’Eden mais dont les clés de la double porte d’entré sont sans doute perdues. Cette fausse ouverture paradisiaque parasitée contredit l’esprit et le corps d’autres âges de la peinture. Ils semblent avoir besoin de sa présence de Fretz pour se réincarner en divers va-et-vient là où l’art est autant un état qu’une qualité.

Jean-Paul Gavard-Perret